14/2/17

Au début était l’inconscient 'Catherine Paumier




Catherine Paumier



Au début était l’inconscient : le rêve de l’Injection faite à Irma

La Science des rêves et l’injection faite à Irma
« Aucun de mes travaux n’aura été si complètement le mien ; c’est mon propre fumier » (S. Freud, La naissance de la Psychanalyse, lettre n°107 : PUF Paris, p249)
INTRO
Pour cette soirée, j’ai choisi de m’intéresser bien évidemment à l’inconscient. ; l’inconscient tel que Freud l’a découvert  en démontrant, entre autres, que le rêve est interprétable et à interpréter .
A ce titre la Traumdeutung est une initiation à l’inconscient. Elle forme avec  la Psychopathologie de la vie quotidienne et Le mot d’esprit et sa relation à l’inconscient l’essentiel de la démonstration historique de Freud de sa découverte.  C’est  le rêve de Freud de L’injection faire à Irma plus particulièrement que je souhaite examiner ce soir. Ce rêve se trouve donc dans la Traumdeutung qui fut publiée et mise en vente le 4 Novembre 1899 pour la première fois alors que Freud n’avait que 43 ans.  Cet ouvrage sera réédité huit fois de son vivant.  C’est dans cet ouvrage que Freud déclare le rêve comme voie royale vers l’Inconscient et élève le rêve de l’Injection faite à Irma comme paradigme du rêve. L’ouvrage est censé placer le rêve dans son ensemble comme la clé qui ouvrira la porte de l’inconscient
La Traumdeutung occupe un moment particulier dans l’élaboration de Freud : il va abandonner sa théorie de la séduction.
La lettre à Fliess du 21-9-97 en fait état : « Il faut que je te confie tout de suite le grand secret qui s’est lentement fait jour au cours de ces derniers mois. Je ne crois plus à ma neurotica »
Freud découvre que les scènes de séductions auxquelles ils imputaient l’éthiologie des névroses  sont bien souvent fantasmées.

« S’il est vrai que les hystériques ramènent leurs symptômes à des traumatismes fictifs, le fait nouveau est bien qu’ils fantasment de telles scènes ; il est donc nécessaire de tenir compte, à côté de la réalité pratique, d’une réalité psychique. Bientôt l’on découvrit que ces fantasmes servaient à dissimuler l’activité auto-érotique des premières années de l’enfance, à les embellir et à les porter à un niveau plus élevé. Alors, derrière ces fantasmes, apparut dans toute son ampleur la vie sexuelle de l’enfant » « Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique », 1914, trad. fr. Cinq Leçons sur la psychanalyse, Paris, Payot, pp. 83-84.
L’effet de ce rêve de l’injection faite à Irma sur Freud est tel que c’est cinq ans plus tard qu’il va lui donner la puissance d’un acte fondateur. Cinq ans après avoir fait ce rêve, le 12/07/1900, à l’orée du vingtième siècle, il écrit à Fliess  qu’il s’est pris à imaginer que grâce à ce rêve et à l’interprétation qu’il en a faite on pourra graver un jour après sa mort en épitaphe sur sa maison :  « Ici le 24 Juillet 1895, pour la première fois l’énigme du rêve a été dévoilée par Sigmund Freud » . C’est dire à quel point ce rêve qualifié par Lacan de « rêve initial ,le  rêve des rêves, le rêve inaugural » compte dans la théorie freudienne de l’inconscient.
En même temps c’est parce que Freud avait su interpréter les symptômes (hystériques) qu’il a su de la même manière interpréter les rêves. Pour lui il y avait analogie : un texte était là a déchiffrer. Considérant les termes du Tanach qui dit qu « un rêve non déchiffré est une lettre non lue » Freud s’y est attelé .
Voici maintenant le rêve :
« Un grand hall- beaucoup d’invités, nous recevons . Parmi ces invités  ,Irma, que je prends tout de suite à part, pour lui reprocher en réponse à sa lettre, de ne pas encore avoir accepté ma « solution » (Lösung) . Je lui dis : « si tu as encore des douleurs, c’est réellement de ta faute. » Elle répond : « Si tu savais comme j’ai mal à la gorge , à l’estomac et au ventre, cela m’étrangle ». Je prends peur et je la regarde. Elle a un air pâle et bouffi ; je me dis : n’ai je paq laissé échapper quelque symptôme organique ? Je l’amène près de la fenêtre et j’examine sa gorge. Elle manifeste une certaine résistance comme les femmes qui portent un dentier. Je me dis : pourtant elle n’en a pas besoin. Alors , elle ouvre bien la bouche ,et je constate, à droite ,une grande tache blanche, et d’autre part j’aperçois d’extraordinaires formations contournées qui ont l’apparence de cornet du nez, et sur elles de larges escarres blanc grisâtre. J’appelle aussitôt le docteur M., qui à son tour examine la malade et confirme. Le Docteur M ; n’est pas comme d’habitude, il est très pâle, il boîte, il n’a pas de barbe… Mon ami Otto est également là, à côté d’elle, et mon ami Léopold la percute par-dessus le corset ; il dit : «  Elle a une matité à la base gauche », et il indique aussi une région infiltrée de la peau au niveau de l’épaule gauche (fait que je constate comme lui malgré les vêtements). M. dit : il n’y a pas de doute, c’est une infection, mais ça ne fait rien ; il va s’y ajouter de la dysenterie et le poison va s’éliminer. »Nous savons également d’une manière directe, d’où vient l’infection. Mon ami Otto lui a fait récemment, un jour où elle s’était sentie souffrante, une injection avec une préparation de propyle, propylène…acide proprionique…triméthylamine (dont je vois la formule devant mes yeux, imprimée en caractère gras)… Ces injections ne sont pas faciles à faire…il est probable aussi que la seringue n’était pas propre ».

-------------------------------------------------------------------------------------

Quelle interprétation Freud fait-il de ce rêve ?
On pourrait résumer sa conclusion et dire que, selon lui, ce rêve est une tentative d’explication au pourquoi de l’échec de Freud et de ses traitements sur Irma, et surtout une tentative de déculpabilisation vis à vis de l’échec. S’il est si important aux yeux de Freud, c’est que pour lui ce rêve est paradigmatique de la théorie qu’il veut défendre ; à savoir : le rêve est un accomplissement de désir inconscient. Ce qu’il essayera de démontrer à travers tout son ouvrage. Mais pour en revenir au rêve de l’injection, nous trouvons sous sa plume :
« La conclusion du rêve est que je ne suis pas responsable de la persistance de l’affection d’Irma, et que c’est Otto qui est le coupable » (p 110) . Ce rêve enlève à Freud la responsabilité de la maladie d’Irma, son motif (au rêve) est un désir et « son contenu l’accomplissement d’un désir » (p 110). Le rêve renvoie  les reproches sur Otto qui avait agacé Freud à propos de la cure inaboutie d’Irma.
En effet, Irma ( de son vrai nom Emma Eckstein) est une patiente récalcitrante de Freud et une « amie très liée » (S. Freud p 98 L’Interprétation des rêves)  avec la famille, et pour tout dire surtout avec la femme de Freud.
Ces liens le mettent  dans l’embarras. En effet, un échec de la cure peut « compromettre une vieille amitié » (p99)
Freud est mécontent du résultat de la cure ;  les symptômes n’ont pas disparus, et il propose à Irma une « solution » (Losüng) qu’elle refuse, ce qui contrarie Freud plus encore.
 La cure se rompt. Otto , jeune confrère de Freud, revoit plus tard la malade et rapporte ,avec ce que Freud entend comme un reproche larvé, qu’  « elle va mieux mais pas tout à fait bien » (p 99). Freud entend dans ce reproche qu’il a « trop promis à la malade » (p 99) compte tenu du maigre résultat obtenu, ce qui l’agace. Le soir même il se met à écrire « l’observation d’Irma pour pouvoir la communiquer en manière de justification à notre ami commun le Docteur M… ». Dans la nuit qui suit il fait le rêve de l’injection.
Mais en quoi ce rêve est-il différent des autres ? En fait toutes ces idées étaient latentes, à portée du conscient.  Freud est consciemment mécontent de cette cure, consciemment agacé par Otto, il en veut consciemment à Irma pour sa résistance vis à vis de sa « solution » (Losüng)…
En quoi ce rêve est-il réalisation d’un désir inconscient ??? Et de quel désir s’agit-il ???
La première partie de l’interprétation du rêve, rêve que l’on peut diviser en deux temps, tente de donner un sens au rêve et fourni une articulation avec le désir de Freud de se déculpabiliser de l’échec du traitement. Certes ! mais comme déjà souligné, ce désir est conscient, bien présent la veille au soir en écrivant le compte-rendu du cas.
Et c’est bien ici que se situe la vraie découverte de Freud, non pas tant  que tout rêve soit la réalisation d’un désir inconscient , ce qui qui ici n’est pas probant ; que le rêve soit la voie royale de l’inconscient assurément, mais que le sujet de l’inconscient y apparaisse est ce que Lacan va pointer et élaborer.
Lacan ne va pas chercher à interpréter Freud plus que Freud ne le fait. « Ce serait absurde » (Séminaire II p 183). Il ne s’agit pas de cela. Lacan reprendra et le rêve et les interprétations de Freud , suivra Freud lorsque celui-ci affirme l’importance capitale de ce rêve , et piochera dans ce rêve et son interprétation des concepts qu’il développera plus tard dans son enseignement.
Lacan trouvait étrange ce que déjà pointé plus tôt : Freud connaît consciemment son désir d’être disculpé de tout ce qui le relie au traitement d’Irma. Alors pourquoi s’appuyer sur ce rêve pour prouver que le rêve est l’accomplissement d’un désir inconscient c’est à dire refoulé ??? (Freud fit  très tôt une analogie entre rêves et symptômes : tous deux étaient l’expression d’un désir inconscient. C’est ce dont témoigne L’interprétation des rêves. Ensuite Freud fera la liaison entre rêve, symptômes, lapsus, oublis et actes manqués qui tous renvoient au même processus de refoulement. Je ne développerais pas ici plus avant.)
Suivons Lacan dans le Séminaire II qui consacre deux leçons à ce rêve. Lacan se fait pour nous lecteur de Freud, qui lui a rêvé pour nous, la communauté analytique (Jacques Lacan, Séminaire II, p203) Lacan, et nous même, avons un avantage sur Freud. Nous pouvons lire le rêve en y incluant les élaborations de Freud. « A prendre ,nous, l’ensemble du rêve et de son interprétation. Là, nous sommes sur une position différente de celle de Freud » Séminaire II, p 210) . et c’est ainsi Lacan lèvera le paradoxe de l’inconscient freudien du rêve.
Que lit Lacan que n’a pas pu lire Freud?
La première partie du rêve s’introduit par un dialogue de Freud avec Irma où cette dernière refuse la « solution » proposée par Freud. Notons qu’en français tout comme en allemand il y a un jeu de mot avec les mots « solution » et « Losüng » qui peuvent se traduire tous deux et par « résolution » (d’un problème) et par « liquide ».
Le rêve dénonce donc le remède génital qui était conseillé aux hystériques par les spécialistes de l’époque Freudienne. Solution que Freud n’entérine pas. Mais son rêve dénonce aussi sa propre méthode ; à savoir qu’il pensait « alors (j’ai reconnu depuis que je me suis trompé) que ma tâche devait se borner à communiquer aux malades la signification cachée de leurs symptômes morbides ; que je n’avais pas à me préoccuper de l’attitude du malade : acceptation ou refus de ma solution, dont cependant dépendait le succès du traitement… » ( L’interprétation des rêves, S. Freud, p101)
Quelle que soit la « solution » (génitale et hypocrite puisque réfutant l’étiologie sexuelle de la névrose mais proposant le sexe comme « solution »  ou bien délivrer comme un oracle le sens sexuel des symptômes)  le rêve dit qu’aucune  d’elle n’est  la bonne.
C’est alors qu’à la demande de Freud, Irma ouvre la bouche( ce que Freud n’obtient pas d’elle dans la réalité.. . à savoir parler). Elle expose au regard de Freud l’innommable, l’indicible profondeur de sa gorge. La première partie de ce rêve « abouti au surgissement de l’image terrifiante, angoissante , de cette vraie tête de Méduse, à la révélation de ce quelque chose d’à proprement parler innommable, le fond de cette gorge, à la forme complexe, insituable, qui en fait aussi bien l’objet primitif par excellence, l’abîme de l’organe féminin d’où sort toute vie, que le gouffre de la bouche, où tout est englouti, et aussi bien l’image de la mort où tout vient se terminer. (………) Il y a donc apparition angoissante d’une image qui résume ce que nous pouvons appeler la révélation du réel (…) du réel dernier (….) ce quelque chose devant quoi tous les mots s’arrêtent et toutes les catégories échouent, l’objet d’angoisse par excellence » (J. Lacan Séminaire II p 196)
Mais Freud ne se réveille pas …il continue de rêver.
 Au lieu du réveil intervient dans le rêve une diffraction du moi .  la scène est envahie par une foule.
Jusqu’à présent en premier lieu le rêve se situait dans le domaine imaginaire dans le moment de dialogue avec Irma, elle ouvre la bouche et nous entrons dans le domaine du réel. Puis, effacement de Freud lorsqu’apparaît « la foule », les trois médecins qui représentent tous les médecins es-docteurs en vérité.
Un « trio de clowns » en vérité. (J. Lacan, Séminaire II, p 187)
Otto, le Dr M…, Léopold…Tous trois discutent de la maladie d’Irma et chacun y va de son savoir…tous « docteurs de la Vérité qui, d’une solution à l’autre, exercent leur maîtrise sur le désir de l’autre et continuent de méconnaître le leur » (S. Cottet, Freud et le désir du psychanalyste, p69). C’est en alter-égo de Freud qu’il faut voir ces médecins, des égos que le rêve désintègre.
(Ce que ces trois personnages viendraient figurer, ce sont les différentes couches identificatoires à partir desquelles s’est successivement composé le Moi freudien. Chacun renvoyant par association à des êtres chers dans l’histoire de Freud (ex. Dr. M. renvoie par association au demi-frère de Freud qui lui-même renvoie au Père de Freud soit à celui qui fait autorité), ils incarnent les figures identificatoires à partir desquelles s’est constitué par accumulation le Moi freudien.)
Au moment de la désintégration des différentes composantes du moi freudien alors apparaît une formule ; celle de la triméthylamine, lettres qui n’ont aucun sens et qui viennent à la place du réel que l’imaginaire essaye de recouvrir. Ainsi, sous le signifiant et sa signification, il n’y a rien d’autre que le réel de la castration que Freud rencontre.  Il n’y a plus d’associations. La triméthylamine apparaît comme étant le fin mot du rêve qui ne « veut rien dire sauf qu’il est un mot » (Jacques Lacan, Séminaire II, p 234). Ombilic du rêve nous dira Freud.
-------------------------------------------------------------------------------------

Je vous ai amené jusqu’à ce point du rêve, où il y aurait encore

beaucoup de choses à dire, pour tenter de le prendre par un autre

biais en regard de l’avancée du travail des AE de l’Ecole.


En effet, quid de cette « triméthylamine » dans le développement

de la cure de Freud. Nous le savons, Freud est le père de la

psychanalyse, et en tant que tel le père du « péché originel » de

n’avoir pas fait d’analyse au sens orthodoxe du terme puisqu’il

l’inventait. Nous savons aussi que son « interlocuteur » était Fliess

et que son échange littéraire à servi de support à la cure de Freud.

De la même manière on peut y intégrer ses créations littéraires

tels justement cette Traumdeuntung. Mais écrire ce n’est pas

parler et lire ce n’est pas écouter.( cf. Conférences et Entretiens

dans des universités nord-américaines. Paru dans Scilicet n° 6/7,

1975, pp. 32-37.)

Lacan indique qu’en ce point du rêve, tout s’arrête, une limite est marquée en regard du sens du rêve. C’est la limite du chiffrage du rêve. Et combien même on le pousserait plus loin, il ne livrerait rien de ce qui en est du sens du sexuel et de la mort. Arrivé à ce point le sujet peut se réveiller. (Ceci dit Freud aurait dû se réveiller plus tôt, au moment même où Irma ouvre sa bouche et où se dessine l’image de l’horreur. Mais comme le signale Lacan, Freud ne se réveille pas à ce moment là car  « Freud est un dur » (P186 Séminaire II) et qu’il va « aller aussi loin qu’il peut aller dans l’ordre de l’angoisse » (p 199) et atteindra ce qu’il nommera l’ombilic du rêve. (S. Freud, L’interprétation des rêves p 446) ou l’Unerkannt, l’impossible à reconnaître (J. Lacan le Sinthome , Séminaire XXIII p 238). Ce qui ne se reconnaît pas est de l’ordre de ce qui ne peut pas se dire ni s’écrire.
Freud franchit quelque chose, il va au-delà de sa passion pour la vérité, au-delà de son moi ambitieux, au-delà du désir du Maître. Lacan souligne l’effacement de l’ego de Freud, l’annulation du moi de l’analyste (J. Lacan, Séminaire II, p 287), « condition de l’émergence d’un désir inconscient au-delà du narcissisme (qui n’est désir de personne) ; d’autre part, il s’agit d’un désir inhumain et fondamentalement transgressif en tant qu’il est à l’origine de la psychanalyste, qu’il inaugure l’acte analytique »(S. Cottet, Freud et le désir du psychanalyste, p70). C’est de ça qu’il s’agit lorsque le rêve signale que « la seringue était sale , la passion de l’analyste, l’ambition de réussir, étaient là trop pressantes, le contre-transfert était l’obstacle même. »( J. Lacan, Séminaire II, p 196)

En quoi ce rêve se différencie-t-il d’un rêve de fin d’analyse? En quoi le cartel de la passe considère qu’un rêve plus qu’un autre relève ou non de la fin ?
Pour illustrer cela je vais vous rappeler le rêve de Sonia Chiriaco qui a abouti à une nomination d’AE :
« … l’analysante doit subir une opération qui consiste à ouvrir le couvercle de son crâne pour en extraire quelque chose, le fin mot, se dit-elle, mais quel est-il ? Lui revient qu’elle a ramassé des coquillages et parmi eux des ormeaux, pour les exposer, sous forme de tableau, sans leur coquille, au public de l’Ecole.. L’apparition de ce signifiant incongru « ormeau » qui présente d’abord sa face hideuse, mollusque dénudé et répugnant, va se décliner en  or-mot le mot en or, le mot précieux et son envers, « mort », signifiant-maître contenu dans la formule du fantasme, et jusqu’aux « hors mots », qui , comme j’ai pu dire, le rendre dérisoire, faisant exploser le mot lui-même et rendant vains tous ces mots auxquels le sujet s’est accroché, notamment dans son analyse » (Sonia Chiriaco, soirée des AE ; La Cause Freudienne 78, p.128)
Je m’en tiendrais à l’énoncé pur du rêve. On y entend la rencontre avec l’horreur innommable,  « hideuse », «répugnante », la butée qui marque la limite du sens du rêve et pointe ce que Jacques-Alain Miller nomme «  l’inconscient réel », un S1 sans S2. C’est la limite de ce qui peut être lu qui s’entend là ; l’ombilic du rêve, ce qui ne peut s’écrire. En ce sens le « choix » du mot « ormeau » est remarquable.
Le désir du rêve de Freud est, non pas tant un désir de déculpabilisation comme déjà vu, mais un désir de trouver une réponse à l’énigme du désir de la femme, une formule qui ne serait pas une injection sale. Le désir de Freud qui se dessine dans ce rêve, est un au-delà du désir de savoir, un désir qui ne serait écrasé par sa furor sanadi ,  une passion orientée vers un réel comme le dit Lacan :  « Aucune praxis plus que l’analyse n’est orientée vers ce qui, au cœur de l’expérience, est le noyau du réel » ( Jacques Lacan, le Séminaire livre XI, p 53) ce que le nom d’ombilic représente.
Alors ? Irma rêve de fin d’analyse ? Nous dirions plutôt rêve de passe.